mercredi 18 janvier 2006

Bar

Parmi les films que je préfère il y a "Les gens de Dublin" et "Le déclin de l'empire américain". Ces films racontent des repas et ils essaient de décrire la complexité des convives, la complexité des liens qui unissent les uns aux autres, la complexité des existences. Ces films reprennent la grande contrainte de la dramaturgie classique: un seul lieu, un seul temps. C'est pratiquement du plan séquence...Tout l'art, c'est de laisser flotter, par dessus les images et les sons, l'aura, l'éther, l'essence, la quintessence des choses de la vie... Bergmann c'est frotté lui aussi à ce sujet avec bonheur...


J'étais dans l'Ile hier soir. Le "Chrome" était très animé pour un mardi soir. Je commence à bien connaître les habitués. S'agissant d'un bar gay je parviens à saisir quelquefois les liens qui relient mes commensaux d'un soir. C'est complexe, subtil : l'un a été l'amant d'un autre, d'autres ont eu une relation sexuelle furtive, celui-ci a envie de celui-là, untel est malade, etc...etc...La soirée s'écoule, mouvante, au grè des groupes qui se font et se défont, des petits conciliabules, de la géographie des lieux, de la musique qui passe, de l'imbibation progressive de certains, des entrées, des sorties etc.......


Je suis acteur et observateur... Un délice...Je regarde, je suis les regards, je cause, j'écoute..


Je me suis extrait un moment de l'endroit et je me suis étonné qu'aucun cinéaste n'ait tenté de raconter un bar: c'est un lieu magnifique rempli d'humanité. L'instant d'après je me suis dit que je n'aurai jamais besoin d'aller voir ce film parce que j'étais en plein dedans...


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