vendredi 24 février 2006

Chronique

En 1983 ...

"(...) Ce matin là la lecture des deux journaux locaux nous mit un peu de baume au cœur : dans le courrier des lecteurs quelqu’un se félicitait de l’existence d’une radio libre à B. qui, ajoutait-il vachement, ne lui coûterait rien sur sa feuille d’impôts. Ce fut le thème tout trouvé de la première chronique que je lus moi-même à l’antenne. Je l’ai intitulée la guerre des radios, faisant le parallèle classique entre l’entreprise individuelle et l’entreprise étatique. En fait dans cet exemple se trouve concentré toute la problématique de la manière qu’on a de gérer un pays et, concernant le délicat problème des médias la question se trouve amplifiée car on touche là à l’un des fondements même de la démocratie. Mais, bien entendu tout n’est pas si simple. Quoiqu’il en soit le contribuable finançait un média d’état et nous, petite radio indépendante nous n’étions pas contents du tout. Et nous le disions. Je terminais cette chronique par un « courage, on les aura ». L’auteur de ces mots, prononcés dans des circonstances bien plus dramatiques, a dû se retourner dans sa tombe….

Le texte écrit, il restait à le dire. Nous avions convenu d’un système très simple : j’enregistrais mes immortelles paroles qui seraient diffusées quelques heures plus tard au moment de la tranche informations. Cet enregistrement fut toujours quelque chose d’assez pénible et le résultat ne m’a jamais satisfait : premièrement ma voix n’est pas une voix radiophonique et ne le sera jamais, elle manque de clarté et je suis difficile à comprendre, deuxièmement le ton n’était jamais bon, plutôt terne, triste. A la suite de cette première chronique je fus effrayé de m’entendre, essayant de faire mieux à chaque fois, reprenant pratiquement toujours les enregistrements, essayant d’améliorer ma diction, donnant un ton plus gai. L’exercice est difficile et je suis sûr de n’être jamais parvenu à le maîtriser. Je ne sais pas ce qu’en pensaient les autres : ils ne sont jamais exprimés à ce sujet . Dans la phase balbucinatoire où nous étions chacun d’entre nous avait conscience de ses propres insuffisances et n’osait pas se mêler de celles de son voisin. Cependant les critiques m’auraient été utiles et m’auraient fait certainement progresser. (...)"

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