jeudi 9 mars 2006

Fuite

Mal dormi. La fuite d'eau chez ma fille c'est de la merde en tube. C'est dans un endroit inaccessible. L'enfer..

Je bloguelis en attendant que C. se réveille. Et je tombe sur lui, Kimobook ( le lien dans mes favoris). Rimbeau...Il a 18 ans maintenant. Chacune de ses notes vaut le détour. Sa première note :

"J'habite dans la rue des Grands ensembles (bloc nord, code zéro A33), près des tours Canon et TDK. Je m'appelle Kim O-BOOk, j'ai 17 ans et cela fait maintenant deux ans que je ne suis pas sorti de ma chambre. Ca m'a pris comme ça, un jour qui aurait pu ressembler à tant d'autres jours, blanc-transparent dans ses contours, limite vaporeux. Les gens qui ont le temps de chercher des raisons aux choses le feront, pour moi tout ça est devenu accessoire. Je dirais simplement que la route était barrée. Du point de vue logistique, c'est ma mère qui gère tout: 3/jour et à heures précises elle m'apporte de quoi manger, petit-déjeûner à 7h, déjeûner à midi, dîner à 19. Je vous passe le détail sur les menus, elle a toujours été bonne cuisinière. Elle ne m'a jamais trop posé de questions non plus, ni avant, lorsque je menais une vie normale, ni après, ce qui fait d'elle une mère exemplaire je dois bien le reconnaître. Elle frappe deux coups à la porte d'entrée de ma chambre, dépose le plateau devant et s'en va sans un mot ou se contente d'un simple "c'est prêt". Les mères demandent toujours des explications, des justifications à tout; elle non. Pas par indifférence ou par manque d'amour, mais par respect. Elle fait partie de ces êtres rares qui croient encore au Destin. Et puis les Asiatiques ont peut-être plus assimilé la culture de l'isolement et de la solitude que les Occidentaux... Donc voilà, depuis deux ans ma vie s'est rétréci à la superficie de ma chambre/salle de bains, 12 mètres carré d'un territoire vierge de présence physique. Je ne communique plus que via le Net (représente: Azerty power generation!!!) et je ne parle plus: les seuls mots qui sortent encore de ma bouche sont des paroles des chansons, parce-que ça je ne peux pas m'en passer. Tout à l'heure, la tête dans mes haut-parleurs Aïwa, je hurlais encore "run run run, you can not run or ever, ever escape"."

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