jeudi 22 juillet 2010

Libanais

J'ai un nouveau lecteur, libanais de surcroît, qui a été un peu décontenancé par la lecture de ce blog: il y trouve trop de politique et trop d'engagement. M'ayant vu, dans la vraie vie, plutôt comme une sorte d'esthète, ce que je suis peut-être finalement, il se demande ce que je viens faire dans les marigots de la République... Y mettre un peu de beauté, enlever du vulgaire et y installer quelques vraies valeurs: humilité, pragmatisme, partage. Peut-être...
Le premier mystère, c'est soi-même: on ne sait jamais trop qui on est. On ne se voit que de face, pratiquement immobile, on ne s'entend pas, et il manque l'indispensable regard de l'autre qui nous perçoit de dos, de profil, évoluant dans l'espace, qui nous entend parler, qui nous voit agir et qui partage parfois quelques moments de l'intime... La première fois que je me suis vu en vidéo ce fut un choc...
Le blog est une manifestation de soi, intéressante au plus haut point, mais déjà tout à fait convenue: on joue un rôle et il est nécessaire de lire au travers des mots. Je m'intéresse souvent plus au personnage qu'à ce qu'il écrit, d'ailleurs de manière souvent si répétitive que c'en est lassant, ce qui doit être aussi le cas de mes posts, au sujet desquels je ne me fais pas trop d'illusion non plus. Le personnage qu'il est, ce blogueur, je m'en construis un à force . Il y reste quasiment toujours le mystère de son aspect physique et de ses mouvements dans l'espace, ce qui fait que j'aimerais en rencontrer certains pour franchir le cap du fantasme et les voir dans leur vraie vie... J'espère que j'ai également créé ce désir chez certains de mes lecteurs, ce qui est, à mes yeux, une forme de réussite du bloguage...
Toutes ces considérations posées, je sens que je devrais varier un peu le contenu de cette description du vide, revenir davantage dans ma vraie vie, au moins telle que je la ressens, en raconter la banalité ordinaire, comme mon combat contre la mouche qui vient m'agacer en ce moment même, la salope, parler un peu plus de cul, que je vénère, oui, oui, oui. Mais bon. Est-ce bien utile de raconter qu'un mec m'a demandé de le photographier à poil hier soir , ce que j'ai fait, bien sûr, mais à toute vitesse et sans goût, tant le thème me semble battu et rebattu. Cependant j'ai regretté dans l'après-midi de ne pas avoir emmené l'appareil pour immortaliser les petites gouttes de sueur qui perlaient sur la peau du libanais quand il me parlait de mon blog. Gouttes de sueur, grain de la peau, ombre et lumière, reflets, l'image aurait été jouissive...

1 commentaire:

  1. Certes, nous n'avons de soi-même qu'une image toute plate. Et nous sommes pratiquement certains que les autres ne nous voient même pas (physiquement j'entends) comme nous nous voyons dans le miroir car nos yeux, gentils farceurs, nous trompent [ils sont de mèche avec notre cerveau, le traitre]... Malgré tout, il y a une chose que les autres ne peuvent même pas appréhender, c'est le bouillonnement de nos pensées. Nos blogs les y aident, mais transcrire des pensées avec des mots, c'est aussi vain que rendre un physique avec une photo.

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