mardi 1 mai 2012

Veuve....

La dame du tableau est veuve. 
Replongeons-nous dans le 19 ème siècle finissant grâce à la Baronne Staffe...

" Le deuil de veuve, le plus long de tous, dure deux ans. Le grand deuil austère toute une année ; robe de laine unie ou couverte de crêpe anglais ; chapeau à long voile tombant sur le visage ; châle en pointe ; bas noirs, fil ou laine ; gants pareils ; à la maison, un bonnet ou coiffe de veuve (les cheveux doivent être couverts) ; les bijoux sont interdits, même ceux de bois durci. Pendant les six premiers mois de la seconde période, le crêpe est remplacé par la gaze, le mérinos par des étoffes moins sévères : grenadine unie, voile, lainages légers ; les garnitures sont encore simples ; on prend des gants de soie ou de peau ; au lieu du châle, une jaquette, un mantelet de même étoffe que la robe ; bijoux de jais. Les derniers six mois admettent les divisions suivantes : la dentelle noire, la soie, les ruches, les broderies de jais, pendant trois mois ; les étoffes blanches et noires, les dentelles blanches, pendant six semaines ; puis, jusqu'à la complète expiration, le gris, le prune, le pensée, le lilas (il faut bien observer la gradation des nuances) ; dans les derniers quinze jours, des fleurs : scabieuses, violettes, pensées, pervenches ; des bijoux : perles et améthystes. L'astrakan est une fourrure de grand deuil. Les fourrures noires sont admises pendant la seconde période de deuil.
Le deuil terminé, il y aura encore une légère transition avant de s'habiller comme tout le monde : on commence par des nuances discrètes, neutres ou foncées : les hyacinthes et les diamants sortent des écrins, et on peut placer dans ses cheveux le chrysanthème (de toutes les couleurs), car c'est une fleur de veuve ."

"On ne reçoit aucune visite, avant que six semaines, au moins, se soient écoulées, depuis la mort de celui qu'on pleure.
On ne rend les visites de condoléance que six semaines après les avoir reçues : soit trois mois pendant lesquels on reste enfermée chez-soi. Lorsqu'au bout de ce temps on rompt sa clôture volontaire, il est admis qu'on arrivera chez les gens qu'on doit voir, le jour où ils reçoivent, naturellement, de très bonne heure, afin de ne rencontrer personne dans le salon.
Une veuve, une mère, peuvent fort bien même se borner à déposer une carte, mais en personne et en grand équipage... s'il y a lieu.
Durant la première moitié du deuil, on s'abstient de tous plaisirs, de toutes distractions. Dès le commencement de la seconde période, on se permet des conférences sérieuses, les expositions ; on fait des visites, on reprend son jour. Vers la fin du deuil, - deux mois avant son expiration – on rétablit son five o'clock tea, on donne à dîner, on assiste à un concert. Le deuil terminé, on commence à reparaître dans de petites soirées, sans danser encore ; on va au Théâtre-Français, puis à l'Opéra, peu à peu, on rentre dans le train de la vie ordinaire.
Nous ajouterons encore quelques lignes sur ce lugubre sujet. Les ambassadeurs des nations étrangères prennent le deuil à la mort de l'un des membres de la famille royale de leur pays. Dans ce cas, les jours de réception à cette ambassade, les invitées, étrangères à la nationalité de l'ambassadeur, et à Paris, les Françaises surtout, porteront des toilettes entièrement blanches. C'est affaire de politesse internationale."

J'en déduis que la dame du tableau était veuve depuis plus de deux ans en légère transition avant de s'habiller comme tout le monde... Une société figée, codée à l'extrême, dans laquelle, je pense, il ne faisait pas très bon vivre...

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