dimanche 5 avril 2015

De la musique..

Quand je suis en l'Île, souvent le matin j'écoute des cantates de Bach. Jouant un cédérom après l'autre, j'espère toutes les entendre, mais comme en repartant je referme le cartonnage qui contient les œuvres complètes du Cantor de Liepzig, et que de la sorte je ne sais plus à quel endroit je me suis arrêté dans ma progression, quand je reviens la fois d'après je poursuis au hasard des 155 cédéroms. Et, circonstance aggravante, si l'une ou l'autre des cantates me plait particulièrement je l'écoute ensuite en boucle jusqu'à plus soif, ce qui démontre que l'objectif que je me suis fixé, pour futile qu'il soit, demande avant tout de l'organisation et de la méthode si je veux l'atteindre.
Il me restera après toute l’œuvre pour orgue, les passions et pleins d'autres choses et quand tout cela sera écouté, je m'attaquerai au coffret posé à côté  qui contient les œuvres complètes de Mozart, 170  cédéroms,  que je n'ai eu le temps que d'effleurer. Mais c'est pareil, je reste parfois scotché sur une phrase mélodique, un passage particulièrement réussi, et Dieu sait s'ils sont nombreux chez Mozart, de sorte que je n'avance pas. 
Quand je suis au Sanctuaire j'écoute aussi de la musique. Mais beaucoup moins.. J'y ai pourtant du matériel de meilleure qualité. Un temps je projetais même de l'améliorer encore en achetant un bel amplificateur à lampes qui restitue un son plus pur et plus sec. Mais l'examen, il y a quelques années, de mon audiogramme, agrémenté des acouphènes qui ne me quittent plus m'a fait renoncer à cette utopie qui n'aurait aucun sens étant donné ce que j'entends..
Au Sanctuaire je passe des choses plus futiles. J'ai acheté un disque de tango il y a peut-être un an ou davantage. Le tango est une musique plus raffinée qu'il n'y parait et ce cédérom  qui a été enregistré par une petite bande composée de musiciens chevronnés issus d'un orchestre philharmonique, déploie toutes les subtilités, les somptuosités de cette musique avant tout érotique pour peu qu'on imagine en même temps les danseurs se frottant l'un contre l'autre, le mec étant en érection comme il se doit, de sorte que je n'ai pratiquement écouté que ça depuis que je l'ai acheté. Je suis un peu désolé pour tous les autres cédéroms qui attendent peut-être que je les sorte de l'oubli. Et pourquoi n'avoir pas une petite pensée aussi pour tous ces vinyles qui m'ont enchanté il y a trente ans. 
C'était alors un rituel quasi religieux de sortir le 33 tours de la pochette en évitant de poser de doigt sur les sillons, de passer un coup de brosse antistatique pour enlever les poussières résiduelles, de poser doucement la galette sur la platine, de glisser au bon endroit la pointe de lecture, en diamant, appuyant  à juste 1,5 gramme, de poser la petite brosse  qui finirait de nettoyer le disque, de lancer la rotation à entrainement direct à vitesse contrôlée par stroboscopie, de faire descendre le bras en basculant une manette, de refermer le couvercle de la platine et d'aller s'asseoir pour écouter vingt minutes de musique..... Une belle récompense au bout  ces actes de foi....!
J'ai aussi au Sanctuaire un phonographe à manivelle. Entrainement à ressort, aiguille qui appuie directement sur une membrane, son uniquement  amplifié par la forme conique du pavillon, et un disque 78 tours de Tino Rossi de 1939, "Minuit chrétiens" que je ne joue que lors du réveillon de Noël s'il se déroule chez moi. Inutile de dire que ça fait des années que cet événement n'a pas eu lieu. Pour le peu que je me souvienne, l'effet  est extraordinaire : la voix de Tino, embrouillée par tous les crachements et craquements de ces vieux appareillages,  jaillissant du passé, puissante et déterminée,  au milieu du repas... A chaque fois j'en ai eu des frissons.

C'est Pâques aujourd'hui. Je vais aller manger avec mon père tout à l'heure. Je lui acheté un lapin   en chocolat. Je ne sais pas s'il va apprécier...


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