dimanche 22 octobre 2017

De l'aide humanitaire...


Petit moment de friction  ce matin. Un ami me raconte qu'un de ses proches, avec une trentaine de personnes, va partir prochainement en Asie pour une mission d'aide humanitaire  dont le but est d'aller repeindre une école dans un village perdu d'un pays pauvre. Les volontaires partent pendant une quinzaine de jours, temps pris sur leurs congés, paient leur voyage, peuvent emmener leurs épouses en payant leurs parts, auront à faire des heures de marche avant d'accéder au village, logeront à la dure chez l'habitant..
Très bien.
Je note juste qu'il y a disproportion  entre le résultat escompté et les moyens mis en oeuvre. Et je détaille : long trajet en avion, empreinte carbone du voyage, trajets terminaux, coût global de l'opération qui, rapporté au coût qu'aurait demandé un artisan local, est complètement exorbitant, sans compter que ces généreux donateurs auront certainement le droit de déduire 66% de leurs dépenses sur leurs impôts et que c'est nous, les contribuables qui finalement financeront  pour 10 ou 15000 euros ce travail qui n'aurait coûté que 400 euros s'il avait été fait par un peintre local...
L'ami se fâche : "tu as toujours des critiques à faire sur n'importe quoi."
Comme il poursuit en détaillant tout l'intérêt qu'il y a de rencontrer d'autres peuples, de partager etc, etc..., je me demande tout haut ce qu'il va rester dans les têtes des autochtones quand seront repartis ces " humanitaires " venus repeindre une école comme madame de Sévigné va faner, lesquels  humanitaires n'auront pas échangé trois mots avec leurs hôtes pour cause de barrière linguistique, auront montré, en réclamant de l'eau pour prendre leurs médicaments qu'ils sont bien soignés, alors que les autres n'ont jamais vu de médecin, auront exhibés leurs appareils photo, leurs portables (où peut-on avoir du réseau?), se seront plaints du froid, auront mangé l'unique menu à base de riz sans trop gémir ( on les a briefé avant le départ ) et auront eu des problèmes gastriques nécessitant le rapatriement d'urgence de l'un d'entre eux...
La conversation a rapidement bifurqué sur un autre sujet, nous sommes deux personnes raisonnables, mais je me demande toujours pourquoi aller "aider" des gens dans de telles conditions pour à la fin créer des frustrations, des rancœurs, et gaspiller beaucoup d'argent.
Il me semble, en conclusion, qu'aider c'est un métier...

Trouvé cette tête de Beethoven en cire par Gaston Déprez...


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